L'Épave de Gyptis
Site
Marseille
Année
1993
Réalisation
Patrice Pomey
En 1993, les travaux d’aménagement de la Place Jules-Verne (Marseille) ont livré les vestiges du port antique de Marseille. Plusieurs épaves grecques et romaines sont alors mises au jour. Parmi celles-ci, l’épave Jules-Verne 9 se révèle très vite comme l’un des tout premiers bateaux de pêche construits à Marseille au VIe siècle av. J.-C. L’épave semble avoir été volontairement abandonnée, sans doute par vétusté. La fouille archéologique de cette épave, menée sous la direction de Patrice Pomey (directeur de recherche au CNRS, rattaché au Centre Camille Jullian) a permis de prélever entièrement les vestiges de cette petite embarcation dont l’étude a mis en lumière les traditions de construction navale grecques à la période archaïque. L’épave a ensuite été confiée au laboratoire ARC-Nucleart de Grenoble afin de recevoir le traitement nécessaire à sa conservation sur le long terme. Elle est aujourd’hui conservée au Musée d’Histoire de Marseille.
Entièrement construit sur bordé et assemblé par des ligatures de lin, Jules Verne 9 fait partie de la famille des bateaux dits “cousus”, aujourd’hui disparus en Méditerranée. Plusieurs maquettes ont été nécessaire pour restituer scientifiquement les formes originelles de la barque de pêche, en corrigeant progressivement les déformations qu’elle a subies au cours du temps. Cette restitution s’est également appuyée sur des données comparatives issues d’épaves datées de la même période, et pour ce qui concerne les superstructures et le gréement, sur l’iconographie des vases grecs du VIe siècle avant notre ère.
Cette étude a permis de restituer une embarcation de 9,85 m de long pour 1,88 m de large, aux extrémités symétriques, fine, légère et élancée, propulsée à la voile et à la rame. Jules Verne 9 était une barque côtière faite pour naviguer depuis la calanque du Lacydon (l’actuel Vieux-Port de Marseille) jusqu’en dans les calanques et les archipels du Frioul et de Riou. Témoignage de l’activité de pêche à laquelle devait servir l’embarcation, de nombreux fragments de corail ont été retrouvé emprisonnés dans l’enduit d’étanchéité de la coque composé d’un mélange de cire d’abeille et de poix de conifère.
Cette barque a été construite à Marseille par des charpentiers descendants des premiers colons phocéens installés dans la calanque du Lacydon. Elle témoigne des pratiques de construction navale en cours à la fois à Marseille et sur la côte ionienne, en mer Égée.